vendredi 8 juin 2018

VOYAGER DANS TOUS "CES ETATS" !!!

Prélude à notre retour

Jeudi 7 juin - Etape du jour: 426 Kms - Depuis le départ: 4695 Kms




Il est 9H15 lorsque nous quittons la "Mouton Plantation" pour entamer notre avant dernière étape pour le Texas.
Comme rien ne presse pour atteindre notre maison située dans un lotissement au bord du Golfe du Mexique, nous décidons d'emprunter des routes scéniques à travers marais, fermes et champs de canne à sucre. 


Tout commence bien sur la route 14 jusqu'à Lake Charles, puis sur la "Creole Nature Trail" qui nous fera rejoindre Holly Beach" sur les rives du golfe ça se gate.
En fait de "créole nature serpentant au milieu de wildlife refuges" de Lakes et marais, nous trouvons une route interminablement droite, traversant un paysage qui semble avoir été arasé avec une règle à niveau géante!!! Aucun oiseau, ni vie animale quelconque à l'heure du zénith et sur ce plat pays qui est le leur, les seules excroissances qui surgissent à l'horizon sont les tuyères et les cheminées des raffineries de pétrole et des usines de liquéfaction du gaz!!!!

Moment sympa, nous apercevons des chalutiers rentrés depuis peu de temps, et achetons pour seulement 20$ entre 3 et 4 kilos de magnifiques gambas fraichement pêchées.

A Port Arthur nous entrons au Texas et même si nous ne le traverserons pas vraiment, nous achèveront notre périple dans notre septième état= Georgie, Caroline (la Prunelle de mes yeux) du Sud, Caroline du Nord, Tennessee, Mississippi, Louisiane et pour finir Texas.
Dernière transversale pour arriver à "Sandy Shores", découvrir notre jolie maison sur pilotis et entamer la fin prochaine de notre dernière bouteille de gin: la quatrième bouteille de 1,75 litres auxquels il faut rajouter une bouteille de rhum.

Le programme de ce vendredi 8 juin tient en quelques mots: grasse mat', plage, farniente, brunch, bulle intégrale...

Nous mettons en ligne nos derniers articles, discutons par face time ou what'app avec nos enfants, ainsi qu'Arlette et Henri.
Le soir Fifi met en route notre dernier barbeu
k afin de nous régaler une dernière fois de nos gambas, arrosées au gin tonic...!!!
Demain nous rejoindrons HOUSTON INTERNATIONAL AIRPORT à 170 Kms et aurons accompli au total un "Roadtrip" de 4865 Kms.


Le mot "dernier" prend des consonances tristes, de fin d'aventure et comme toujours nous alternons entre mélancolie et joie de vous retrouver. Aux heures du "debriefing", que d'aventures, de découvertes, de rencontres surprenantes, d'anecdotes  et de grands moments de fous rires. 

Jacqueline: "nous l'avons rêvé, nous l'avons fait et nous l'avons vécu".

Béatrice: "le bonheur de partager ces expériences à 4, une sacrée équipe complémentaire, enjouée, prête à rire de tout et de rien et curieuse du moindre détail".

Philippe: "nous nous retrouvons à présent en transit entre 2 avions= celui qui nous ramène vers vous et celui que nous prendrons pour notre prochain voyage".

Merci de nous avoir suivi tout au long de ces 23 jours, votre affection et votre amitié sont un bien précieux et notre seul "carburant" pour tailler la route.









AIRBOAT AU MILIEU DES BAYOUS CAJUNS...

Mardi 5 et Mercredi 6 Juin.
Etape du Mardi = 350 Kms - Depuis le départ= 4106 Kms.

Ce mardi matin nous quittons NOLA et prenons plein Ouest pour LAFAYETTE capitale de "l'état Cajun", petite enclave Acadienne au coeur de la Louisiane.
 




Nous abandonnons très vite l'I310, chopons une p'tite route de campagne pour Vacherie et sa "collection" de plantations antebellum. Arrêt à "Oak Alley", splendide demeure qui respire l'opulence retrouvée grâce au tourisme de masse et au prix du ticket d'entrée= 25$ quand même!!! Ces plantations qui prospérèrent pendant plus de 3 siècles grâce à la canne à sucre, illustrent parfaitement l'histoire de la Louisiane et des créoles.
Nous continuons plein Sud-Ouest par les petits chemins de traverse sillonnant le PAYS CAJUN où déjà de nombreuses personnes nous accueillent en "français cajun": sorte de patois rural, mâtiné de vieux François où on rrrroule les "R" en contractant les phrases saupoudrées de mots anglais, le tout servi avec un accent cadien qui rappelle le "québécois"!!! Evidemment dès qu'ils comprennent que nous sommes français, ils entament la converse pour nous montrer qu'ils n'ont pas oubliés leur langue d'origine.
A Thibodaux, visite obligatoire du Centre Culturel acadien :

Découverte émouvante de l'histoire des Acadiens (ou Cadiens, Cajun) ce peuple qui vivait prospère au XVIè siècle dans ce qui deviendra la Nuova Scotia puis le New Brunswick au Canada. Les acadiens sont les descendants de colons français venus s’établir en Amérique du Nord à partir de 1604. Ils étaient principalement originaires du centre-ouest de la France (Poitou et vendée). Ils se sont installés dans le territoire antérieurement nommé « Acadie ». 
Ils deviennent des habitants relativement prospères malgré le fait qu’ils habitent une colonie politiquement instable. En effet, l’Acadie est l’objet de batailles incessantes entre les Français et les Britanniques qui veulent de part et d’autre contrôler ce territoire stratégiquement situé entre la Nouvelle-Angleterre et la Nouvelle-France. 
Hélas, en 1713, la France perd définitivement l’Acadie donnée à l’Angleterre par le Traité d’Utrecht. Les Acadiens continuent cependant de l’habiter jusqu’en 1755, puis sont brutalement déportés et éparpillés dans les colonies britanniques du sud qui correspondent aujourd’hui à l’est des États-Unis. Cette période, le "Grand Dérangement", sera au final un quasi génocide, forçant les acadiens à prêter allégeance, volant les terres, entassant les gens dans des mouroirs flottants, séparant les familles, éparpillant des générations... 

Les Britanniques mettent le feu aux bâtiments et aux champs acadiens pour éviter qu'ils ne puissent se ré-établir au même endroitDe plus, les familles sont séparées, ce qui détruit la base de la société acadienne. Entre le tiers et la moitié des déportés meurent ; les tempêtes en mer, le manque de nourriture et d'eau ainsi que les mauvaises conditions d'hygiène sur les bateaux en sont la principale cause. Les Acadiens déportés dans les Treize colonies doivent en plus faire face à l'hostilité de la population locale, qui n'avait pas été informée de leur arrivée.

Une diaspora de fait s'établit, et certaines familles arrivent en Louisiane, soit directement, soit après la grande migration de l'Ile Saint Jean, via la France. Bien intégrés sur ces territoires à cultiver, ils apprennent des indiens, des créoles et reconstituent en semblant de vie communautaire.
Des années plus tard, le pouvoir américain anglophone luttera contre l'usage de la langue française, et tentera de déraciner la culture créole et cadienne. Ce n'est que dans les années 1970 que la culture cadienne commencera a reprendre ses droits.
Sacrée leçon d'histoire plutôt oubliée...

Nous sortons "pile poil" à l'heure de déguster de la crevette grillée...Ca tombe bien, à Thibodeaux il y a "Bubba 2" où nous nous gavons de "prawns en beignet" et de filets de "cat fish".
Pendant notre visite du centre culturel le temps s'est méchamment couvert et manifestement en reprenant Nord Ouest nous n'allons pas vers le beau temps...Nous traversons rapidement Lafourche, St Charles, Jeannerette, St Martinville: bled surtout connu pour être le lieu de la romance d'Evangeline, "l'héroïne cajun". Histoire inspirée de la vie d'Emmeline LABICHE et de Louis ARCENEAUX, deux réfugiés d'Acadie qui se retrouvèrent ici après une longue séparation. Hélas après une trop longue attente, ARCENEAUX s'était remarié et leur ultime rencontre eut lieu sous un chêne: "l'Evangeline oak".

Arrivée à LAFAYETTE dans une grande propriété antebellum: la Mouton Plantation où nous passerons 2 nuitées. La vaste propriété à l'ombre des grands chênes est magnifique -une de plus-; heureusement car la traversée de "la capitale cajun" était un peu déprimante.

Mercredi 6 Juin


Ce matin nous avons réservé un grand tour en Airboat dans les méandres de "l'Atchafalaya basin". Immense marécage créé par l'Atchafalaya river, bien plus grand que les Everglades en Floride. Outre les nombreuses espèces de reptiles, amphibiens, oiseaux, mammifères en tout genre, le marais produit chaque année plus de 10.000 tonnes d'écrevisses.

Nous prenons l'I10 qui traverse le gigantesque méandre par des ponts interminables comme dans les Keys en Floride, sortons à "l'exit 121" petite bande de terre nichée au milieu des bayous et rejoignons sous les piles du pont une rampe de mise à l'eau où nous avons rendez vous avec Ronny et son Airboat.

Le Gars adorable, beau bébé cajun qui nous parle en français, qui ne perd pas son temps à "déballer" tous les dangers que nous risquons de subir, qui nous place et après nous avoir tendu nos casques démarre son hélice, sort de la darse et plante immédiatement l'accélération maximum. Quelques instants de navigation dans un boucan d'enfer, moteur à fond, airboat à peine posé sur l'eau, Ronny amorce un grand virage et sans ralentir d'un iota, nous pénétrons dans un étroit bayou à l'ombre des grands cyprès et des saules noirs (black willows). Tel une pointe diamant l'airboat trace un sillon parfait sur les eaux épaisses et sombres du bayou.

L'airboat ralenti pénètre dans un bras plus petit,  Ronny s'arrête et nous explique qu'il souhaite nous présenter "Big Daddy", un monstrueux alligator long de 4 mètres environ qui nous rejoint en QQ coups de queue. Le saurien pratiquement apprivoisé par Ronny qui le nourrit depuis des années, ouvre sa gueule à la demande, se laisse caresser, tourne sur lui même. "Alligator Ronny" nous précise qu'il est âgé d'au moins 80 ans, qu'il possède plusieurs femelles qu'il engrosse régulièrement, qu'il mange sa progéniture mâle pour annihiler tout risque de concurrence et qu'il se bat encore régulièrement pour protéger son territoire.





Puis "Alligator Ronny" nous fait découvrir les profondeurs du marécage, là où les eaux se font encore plus lourdes et se mélangent avec les racines et la vase dans une tourbe épaisse; là où les jacinthes d'eau colonisent le marais dans un tapis inextricable.
A certains endroits où il n'y a plus la moindre profondeur l'airboat se lève et glisse sur un conglomérat de branches pourries entremêlées avec de la vase épaisse et des jacinthe d'eau. Ronny nous donne plein d'infos sur cet extraordinaire éco-système qu'il parcourt depuis si longtemps et dont il ne se lasse pas.


Ah j'oubliais, le bayou regorge de grandes libellules bleues, turquoises, de chatoyants papillons qui nous ouvrent la route et se posent près de nous dès que nous nous arrêtons.



 A midi pétante "Alligator Ronny" nous ramène à l'ombre des piles du pont de l'interstate. Nous serions volontiers restés plus longtemps avec Lui, à découvrir tous les secrets du bayou. Ronny fut une rencontre sympathique, touchante et inattendue, comme les voyages peuvent parfois en réserver.
Nous retrouvons notre GMC Yukon "chauffé à blanc" bien que garé à l'ombre et empruntons une petite transversale pour New Iberia où se trouve l'usine TABASCO. 


Inventé en 1868 par Edmund Mc ILENNY, la célèbre sauce pimentée à conquis le monde grâce à la pugnacité et l'inventivité de la dynastie Mc ILENNY.

Toute l'exploitation se fait exclusivement ici sur "Avery Island". Nous commençons par le musée qui retrace l'histoire des générations successives qui ont toutes apportées leur pierre grâce à leur personnalité à l'édifice de l'Empire familial.

Ensuite, nous visitons entièrement l'usine: de la fermentation pendant 3 années du piment rouge broyé dans des futs de chêne scellés par une épaisse couche de sel provenant de la mine de l'île, du mélange avec du vinaigre pur et des épices, du filtrage et de l'embouteillage.
Evidemment, passage obligé à la "gift shop" de l'usine où Béatrice effectuera quelques menues emplettes...
Comme souvent dans ce pays, la mise en scène de cette fresque familiale et de sa "success story" était parfaite et fort agréable.
























En direct de notre dernière soirée !

jeudi 7 juin 2018

PRETTY WOMEN WALKING DOWN NOLA!!!

Dimanche 3 et Lundi 4 Juin


2 jours pleins pour nous enivrer de l'ambiance et des effluves de la Nouvelle Orléans, appelée ici "NOLA". Pour une fois j'abandonnerai "la plume" à Jacqueline et Béatrice nos tendres "Pretty Women".
Ce dimanche 3 juin au petit matin et après une nuit reposante, nous grimpons dans le tramway vintage de la ligne 12 afin de rejoindre les rives du Mississippi et le "French quarter", en admirant de part et d'autre les belles demeures de la banlieue ouest et en observant le "way of life américain".
Assis sur les strapontins en bois de l'antique tram, comme tous les matins, nous remarquons le contraste amusant entre 2 Amériques= celle qui court malgré la chaleur étouffante, au physique svelte et entretenu, et celle qui "bouffe" toute la sainte journée, stockant des amas de graisse dégoulinants sur des cuisses et surtout des FESSES, dont l'énormité hallucinante ferait passer Marianne JAMES pour un mannequin anorexique... 
BB & Jacqueline reprennent :


un charmant tram désuet et brinquebalant longe Charles Street et ses maisons chic et nous dépose au front de Fleuve où nous réservons notre Evening Jazz Cruise sur le Mississippi pour le lendemain.
nous déambulons dans ce mythique French Quarter : Jackson square, St Louis Cathédrale... une pause déjeuner et fraicheur nous permet de découvrir brièvement quelques saveurs typiques : Gombo (soupe épaisse aux fruits de mer et légumes), crevettes frites, jambalaya (riz sauté saucisse, légumes etc) : saveurs piquantes et rustiques...

En milieu d'après midi, Bourbon street affiche ses trottoirs défoncés, ses bars à musiques bruyants, ses boutiques vaudou made in china, une ambiance moite, chaude et poisseuse qui épuise vite le promeneur...




NOLA est une ville immense, dont le French quarter est le centre historique et touristique ; d'autres quartiers sont accessibles comme le garden district.

nous rentrons à notre "chez nous" fatigués mais heureux de cette première journée. Nous avons organisé pour demain une visite en français un peu off road, proposée par Monde Créole.  Joli debrief gin tonic...



Lundi 4 juin
départ avec notre habituel tram, mais qui restera bloqué suite à une panne... nous inaugurons mon application UBER : super efficace, 10 mn après, nous voici à l'heure au rendez-vous avec Lawson, jeune black qui sera notre guide pour 2:30 de marche dans les rues et arrières rues de Nola ;

 Lawson est passionnant, il n'annone pas un texte par coeur, mais attire  notre attention sur certains points de l'histoire de la ville et de ses habitants : Henriette Delille, blanche métisse et libre, fondant l'ordre des Soeurs de la sainte Famille, le Père Antoine, plantant son jardin derrière la cathédrale St Louis..; 


Incursion au cimetière N°1, ou se serrent les tombeaux des plus vieilles familles du Nola créole, avec la tombe de la grande prétresse vaudou Marie Lavaux, pas loin de la pyramide blanche préparée pour l'acteur Nicolas Cage... 

Lawson nous explique la complexité de la société de l'époque, la différence entre le monde créole et le monde américain, les évolutions, les rivalités, les paradoxes, la succession d'influences (indiennes, créoles, françaises, espagnoles, américaines)... il nous éclaire aussi sur la situation actuelle des Noirs aux Etats Unis, les jeux politiques, les problématiques de démocratie... et les risques au quotidien d'une "america great again" ramenant racisme et violence... 

Il nous fait aussi découvrir un roman sur "Les Quarteronnes", illustrant la vie créole du NOLA du 17ème et 18ème siècle dont nous lui achetons un exemplaire. Il se propose de nous le déposer à l'hôtel, du coup nous l'invitons pour le soir à la maison. Professeur de français, éditeur, (un Sheumas local) il est passionnant, posé, son français est parfait... cette visite fut un régal.

Après un moment de repos au bungalow, nous rejoignons notre Natchez Cruise pour un départ à 19:00.
 Un surprenant (et un peu dissonnant il faut le dire) concert de calliope (sorte d'orgue à vapeur) nous accueille. Puis au son des cuivres du Jazz New Orleans, en sirotant des Hurricanes (cocktail Nola à base de rhum et jus fruit de la passion), nous quittons le port de NOLA.


Petite visite instructive à la salle des machines, roue à aube impressionnante, si la chaudière n'est plus au charbon, il s'agit bien d'un steamer, dont la vapeur actionne d'énormes pistons faisant tourner la roue.
 

Le long des rives du Old Man, les vieilles sucrières, et les immenses raffineries défilent ; décalé, pas super scénique, mais combien amusant et mythique.

Retour à la maison par un UBER (efficace comme le nôtre) et voilà Lawson à notre porte : super fin de soirée où il complète nos informations sur la culture créole, la vie de Nola et plein d'autres choses passionnantes. Ce fut une belle soirée et une belle rencontre, pour clore cette découverte de NOLA.

Une grosse pensée pour Serge dont c'est l'anniversaire ; il aurait eu 57 ans.... calins et affection pour toujours ; on t'aime fort ; bisous à Sylvie qui est dans nos coeurs aussi.