SUR LA ROUTE DE MEMPHIS...

Ce titre là, je ne pouvais quand même pas le rater...(lol)

Mardi 29 Mai - Etape du jour: 414 Kms - Depuis le départ: 2873 Kms.

La traversée du Tennessee d'Est en Ouest devait être un grand moment du voyage. Hélas, la pluie de la veille s'est transformée en brume humide qd nous quittons notre appartement.

En traversant la banlieue Sud, nous repérons pour notre breakfast le "Elliston Soda Place": un "diner"absolument dans son jus. Des vieux sièges en skaï usés jusqu'aux ressorts, des tables poisseuses manifestement d'origine, une déco avant gardiste des années 60, une clim bruyante comme avant - dans ce temps où on parlait de clim et non de pompes à chaleur- une vieille "Calamity Jane" à qui il ne manquait que le stetson et le colt nous accueille chaleureusement et nous sert un breakfast roboratif, empreint d'une quantité de graisse que nos artères peineront à diluer.

Malgré les nuages de plus en plus lourds, nous maintenons notre circuit plein Sud Ouest par des hyghways scéniques. Nous trouvons rapidement la "Natchez Trace Parkway", route touristique qui longe une ancienne piste de Native et qui va se perdre dans l'état du Mississippi pour s'achever à Natchez. 

Nous l'emprunterons pendant une centaine de kilomètres de grandes courbes épousant un superbe paysage protégé de forêts, de prairies, de collines verdoyantes, de sous bois superbes; nous "nageons" au milieu d'un véritable kaléidoscope de verts. Nous quittons la "Natchez" à sa JCT avec la 64, route elle aussi scénique qui nous mènera directement à Memphis en traversant le Tennessee profond, rural - pour ne pas dire pagut- mais tellement attachant et authentique avec leur accent à couper au couteau qui les rend parfois incompréhensibles, même pour notre Maîtresse d'Anglais !!!

Le temps fait plus que se couvrir car pendant toute la traversée nous alternerons entre pluie dense et violentes trombes d'eau qui noient la route au sens littéral du terme et occultent la vision. Heureusement que la 64 est à 4 voies sur la plus grande partie de son tracé, car certaines portions sont totalement submergées, rendant la conduite délicate. Heureusement aussi, qu'au contraire de l'interstate, la 64 est peu fréquentée. J'y vois au moins un peu - l'avant veille sur la I40 la quantité d'eau projetée par les trucks était telle que j'avais brusquement l'impression qu'un rideau de flotte se fermait devant le pare-brise. Vraiment pas de bol car nous traversons une campagne magnifique où nous devions faire quelques randos, un picnic sur les bords de la Tennessee river à Savannah.

Jacqueline raconte: 

J'écoutais la compil CD Dans le YUKON qui m'entraînait sur la route de Memphis... Et la compil débitait un truc débile qui m'endormait sur la route de Memphis... Sur le siège avant, Hubert buvait de la bière en regardant l'heure: sur la route de Memphis... À la place du mort, Béatrice me jetait des regards un peu fous sur la route de Memphis...

Arriver à MEMPHIS par l'I40 fut "sportif" et éprouvant; heureusement en approche de notre duplex en bordure du downtown la pluie s'arrête, nous permettant de vider la voiture sans parapluie.

La maison est confortable et agréable avec ses deux salles de bains indépendantes. Notre désir de descendre à "Beale Street" écouter du rock s'efface devant la fatigue de l'étape (en ce qui me concerne) et surtout de la pluie qui redouble d'intensité... Pas grave, nous picolerons un peu plus; Fifi est devenu "le Roi du gin tonic" et les paquets de nachos fondent comme neige au soleil.Nous en profitons aussi pour réserver notre visite de "Grace Land" pour le jeudi 31 Mai

Mercredi 30 Mai.

Ce matin ENFIN il fait beau!!! Un soleil printanier accompagné par contre d'une chaleur et d'une moiteur tropicale nous écrase dès que nous sortons pour aller visiter le célèbre "Sun Studio" - là où tout a commencé- à deux pas de l'appart'.

 

Si la musique était une religion, Memphis serait Jérusalem et le Sun Studio son principal sanctuaire.
C'est au SUN STUDIO que le premier single de rock n' roll: "Rocket 88" a été enregistré en 1951 par Sam Philipps, ingénieur du son qui a fondé en 1950 le SUN qui s'appelait encore le "Memphis Recording Service".

1956 THE MILLION DOLLAR QUARTET :
Jerry Lee lewis, Carl Perkins, Elvis Presley, Jonnhy Cash

Son principal fait d'armes a été d'avoir vu le jeune Elvis PRESLEY pousser sa porte en 1953 et y enregistrer 2 chansons pour sa mère.

BB reprend

Sam PHILIPS, à la recherche de jeunes talents, l'a ensuite rappelé et a produit et enregistré ses premiers singles qui devinrent immédiatement des tubes. le premier contrat d'Elvis fut signé à coté de ce beau juke box ! La légende du KING était née. Sam Philips, inspiré par la musique des clubs de blues de Beale Street, mit tout en oeuvre pour commencer à enregistrer ces sons, découvrir des talents, lancer des carrières du fonds de ces deux pièces devenues mythiques ; visite rythmée par les sons originaux pris sur les bandes en direct, anecdotes émouvantes, ce fut un moment magique, être là où tout à commencé !!! 

Sortie du Sun Studio, dans un tout autre style, nous partons visiter la gigantesque "Pyramide" de verre et métal qui domine le Mississippi : elle abrite un stade, un hotel et un Bass Pro Shop ou les équipements sont mis en scène sur rivières artificielles, mangrove reconstituées... du spectacle (dans un température contrôlée LOL) ; nous croisons 3 rockeurs français super sympa qui font le show dans les festivals de Rock'N'Roll du coin ; succès garanti les américains adorent parait-il ; ils sont de Nimes et  viennent régulièrement en tournée avec chaussure croco, bananes capillaires à la Johnny Goodbye et accent du sud !

les garçons craquent encore sur quelques fanfreluches, puis une bière au bar bowling  aquarium surréaliste (ou Markus, le patron du bar nous fait gouter de l'alligator frit...), et nous voilà à nouveau dans la chaleur à parcourir la passerelle au dessus du Old Man vers Mud Island, petite ile face à la ville, histoire d'avoir un semblant de skyline... et voir une maquette du fleuve Mississippi sur toute sa longueur.

Memphis nous donne une impression toute différente de Nashville, moins policée, moins "proprette", la ville a des airs décatis d'un passé économique qui peine à redémarrer, mais un certain charme "post-industriel"... la soirée musicale à Beale Street fût à cette image.

En fin d'après-midi, rafraichis et pimpants, nous rejoignons Beale Street, qui à est Memphis ce que Broadway est à Nashville.

La rue pleine d'un rassemblement de Harley Davidson bruyantes et magnifiques de cuirs, chromes rutilants et de vénus callipyges... beaucoup de blacks, des enseignes clignotantes, un niveau sonore digne de la chevauchée fantastique version rock'nRoll. Les bars sont vraiment dans leur jus, limite glauques, et pourtant peut être d'une plus grande authenticité, proche de ce que devait être Memphis dans les années 50, ou le delta blues s'invente au milieu des volutes de tabac et de bières chaudes, sur de vieilles guitares tapant le rythme et la route.

Nous poussons la porte du Blues River Cafe ou une bande joue le fameux "Pretty Woman" de roy Orbisson que nous reprenons allègrement.

la bière sera fraiche, le groupe super (Don Bryant & bokeys) dont le saxo sera en tournée en France au festival Jazz à Sète cet été.

En sortant, nous sommes happés par les notes de notre chanson fétiche : "Sweet home Alabama" jouée par un vieux black dans un parc, ou Phiphi et Jacqueline entament un rock au milieu des locaux, qui allongés, qui dormant, qui sirotant un deuxième litre de bière... surréaliste et inoubliable.

Merci Memphis.