Mardi 5 et Mercredi 6 Juin.
Etape du Mardi = 350 Kms - Depuis le départ= 4106 Kms.
Ce mardi matin nous quittons NOLA et prenons plein Ouest pour LAFAYETTE capitale de "l'état Cajun", petite enclave Acadienne au coeur de la Louisiane.
Nous abandonnons très vite l'I310, chopons une p'tite route de campagne pour Vacherie et sa "collection" de plantations antebellum. Arrêt à "Oak Alley", splendide demeure qui respire l'opulence retrouvée grâce au tourisme de masse et au prix du ticket d'entrée= 25$ quand même!!! Ces plantations qui prospérèrent pendant plus de 3 siècles grâce à la canne à sucre, illustrent parfaitement l'histoire de la Louisiane et des créoles.
Nous continuons plein Sud-Ouest par les petits chemins de traverse sillonnant le PAYS CAJUN où déjà de nombreuses personnes nous accueillent en "français cajun": sorte de patois rural, mâtiné de vieux François où on rrrroule les "R" en contractant les phrases saupoudrées de mots anglais, le tout servi avec un accent cadien qui rappelle le "québécois"!!! Evidemment dès qu'ils comprennent que nous sommes français, ils entament la converse pour nous montrer qu'ils n'ont pas oubliés leur langue d'origine.
A Thibodaux, visite obligatoire du Centre Culturel acadien :
Découverte émouvante de l'histoire des Acadiens (ou Cadiens, Cajun) ce peuple qui vivait prospère au XVIè siècle dans ce qui deviendra la Nuova Scotia puis le New Brunswick au Canada. Les acadiens sont les descendants de colons français venus s’établir en Amérique du Nord à partir de 1604. Ils étaient principalement originaires du centre-ouest de la France (Poitou et vendée). Ils se sont installés dans le territoire antérieurement nommé « Acadie ».
Ils deviennent des habitants relativement prospères malgré le fait qu’ils habitent une colonie politiquement instable. En effet, l’Acadie est l’objet de batailles incessantes entre les Français et les Britanniques qui veulent de part et d’autre contrôler ce territoire stratégiquement situé entre la Nouvelle-Angleterre et la Nouvelle-France.
Hélas, en 1713, la France perd définitivement l’Acadie donnée à l’Angleterre par le Traité d’Utrecht. Les Acadiens continuent cependant de l’habiter jusqu’en 1755, puis sont brutalement déportés et éparpillés dans les colonies britanniques du sud qui correspondent aujourd’hui à l’est des États-Unis. Cette période, le "Grand Dérangement", sera au final un quasi génocide, forçant les acadiens à prêter allégeance, volant les terres, entassant les gens dans des mouroirs flottants, séparant les familles, éparpillant des générations...
Les Britanniques mettent le feu aux bâtiments et aux champs acadiens pour éviter qu'ils ne puissent se ré-établir au même endroit. De plus, les familles sont séparées, ce qui détruit la base de la société acadienne. Entre le tiers et la moitié des déportés meurent ; les tempêtes en mer, le manque de nourriture et d'eau ainsi que les mauvaises conditions d'hygiène sur les bateaux en sont la principale cause. Les Acadiens déportés dans les Treize colonies doivent en plus faire face à l'hostilité de la population locale, qui n'avait pas été informée de leur arrivée.
Une diaspora de fait s'établit, et certaines familles arrivent en Louisiane, soit directement, soit après la grande migration de l'Ile Saint Jean, via la France. Bien intégrés sur ces territoires à cultiver, ils apprennent des indiens, des créoles et reconstituent en semblant de vie communautaire.
Des années plus tard, le pouvoir américain anglophone luttera contre l'usage de la langue française, et tentera de déraciner la culture créole et cadienne. Ce n'est que dans les années 1970 que la culture cadienne commencera a reprendre ses droits.
Sacrée leçon d'histoire plutôt oubliée...
Nous sortons "pile poil" à l'heure de déguster de la crevette grillée...Ca tombe bien, à Thibodeaux il y a "Bubba 2" où nous nous gavons de "prawns en beignet" et de filets de "cat fish".
Pendant notre visite du centre culturel le temps s'est méchamment couvert et manifestement en reprenant Nord Ouest nous n'allons pas vers le beau temps...Nous traversons rapidement Lafourche, St Charles, Jeannerette, St Martinville: bled surtout connu pour être le lieu de la romance d'Evangeline, "l'héroïne cajun". Histoire inspirée de la vie d'Emmeline LABICHE et de Louis ARCENEAUX, deux réfugiés d'Acadie qui se retrouvèrent ici après une longue séparation. Hélas après une trop longue attente, ARCENEAUX s'était remarié et leur ultime rencontre eut lieu sous un chêne: "l'Evangeline oak".
Arrivée à LAFAYETTE dans une grande propriété antebellum: la Mouton Plantation où nous passerons 2 nuitées. La vaste propriété à l'ombre des grands chênes est magnifique -une de plus-; heureusement car la traversée de "la capitale cajun" était un peu déprimante.
Mercredi 6 Juin
Ce matin nous avons réservé un grand tour en Airboat dans les méandres de "l'Atchafalaya basin". Immense marécage créé par l'Atchafalaya river, bien plus grand que les Everglades en Floride. Outre les nombreuses espèces de reptiles, amphibiens, oiseaux, mammifères en tout genre, le marais produit chaque année plus de 10.000 tonnes d'écrevisses.
Nous prenons l'I10 qui traverse le gigantesque méandre par des ponts interminables comme dans les Keys en Floride, sortons à "l'exit 121" petite bande de terre nichée au milieu des bayous et rejoignons sous les piles du pont une rampe de mise à l'eau où nous avons rendez vous avec Ronny et son Airboat.
Le Gars adorable, beau bébé cajun qui nous parle en français, qui ne perd pas son temps à "déballer" tous les dangers que nous risquons de subir, qui nous place et après nous avoir tendu nos casques démarre son hélice, sort de la darse et plante immédiatement l'accélération maximum. Quelques instants de navigation dans un boucan d'enfer, moteur à fond, airboat à peine posé sur l'eau, Ronny amorce un grand virage et sans ralentir d'un iota, nous pénétrons dans un étroit bayou à l'ombre des grands cyprès et des saules noirs (black willows). Tel une pointe diamant l'airboat trace un sillon parfait sur les eaux épaisses et sombres du bayou.
L'airboat ralenti pénètre dans un bras plus petit, Ronny s'arrête et nous explique qu'il souhaite nous présenter "Big Daddy", un monstrueux alligator long de 4 mètres environ qui nous rejoint en QQ coups de queue. Le saurien pratiquement apprivoisé par Ronny qui le nourrit depuis des années, ouvre sa gueule à la demande, se laisse caresser, tourne sur lui même. "Alligator Ronny" nous précise qu'il est âgé d'au moins 80 ans, qu'il possède plusieurs femelles qu'il engrosse régulièrement, qu'il mange sa progéniture mâle pour annihiler tout risque de concurrence et qu'il se bat encore régulièrement pour protéger son territoire.
Puis "Alligator Ronny" nous fait découvrir les profondeurs du marécage, là où les eaux se font encore plus lourdes et se mélangent avec les racines et la vase dans une tourbe épaisse; là où les jacinthes d'eau colonisent le marais dans un tapis inextricable.
A certains endroits où il n'y a plus la moindre profondeur l'airboat se lève et glisse sur un conglomérat de branches pourries entremêlées avec de la vase épaisse et des jacinthe d'eau. Ronny nous donne plein d'infos sur cet extraordinaire éco-système qu'il parcourt depuis si longtemps et dont il ne se lasse pas.
Ah j'oubliais, le bayou regorge de grandes libellules bleues, turquoises, de chatoyants papillons qui nous ouvrent la route et se posent près de nous dès que nous nous arrêtons.
A midi pétante "Alligator Ronny" nous ramène à l'ombre des piles du pont de l'interstate. Nous serions volontiers restés plus longtemps avec Lui, à découvrir tous les secrets du bayou. Ronny fut une rencontre sympathique, touchante et inattendue, comme les voyages peuvent parfois en réserver.
Nous retrouvons notre GMC Yukon "chauffé à blanc" bien que garé à l'ombre et empruntons une petite transversale pour New Iberia où se trouve l'usine TABASCO.
Inventé en 1868 par Edmund Mc ILENNY, la célèbre sauce pimentée à conquis le monde grâce à la pugnacité et l'inventivité de la dynastie Mc ILENNY.
Ensuite, nous visitons entièrement l'usine: de la fermentation pendant 3 années du piment rouge broyé dans des futs de chêne scellés par une épaisse couche de sel provenant de la mine de l'île, du mélange avec du vinaigre pur et des épices, du filtrage et de l'embouteillage.
Evidemment, passage obligé à la "gift shop" de l'usine où Béatrice effectuera quelques menues emplettes...
Comme souvent dans ce pays, la mise en scène de cette fresque familiale et de sa "success story" était parfaite et fort agréable.
Une virée en airboat dans le bayou, j'en ai toujours rêvé...
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